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De Rousseau à Altman : Le nouveau contrat social

Rédigé par Valentin URRUTIAGUER | 4 août 2025 14:00:08

Dans un discours publié sur son blog en juin, Sam Altman, fondateur emblématique d’Open AI, propose un nouveau contrat social à l’aube de la révolution de l’Intelligence artificielle. Il y a près de 260 ans, Jean-Jacques Rousseau définissait le contrat social comme une organisation sociale qui repose sur un pacte garantissant l'égalité et la liberté entre les citoyens, chacun renonçant à sa liberté naturelle pour gagner une liberté civile, et mettait au centre de son pacte social le principe de souveraineté populaire avec pour unique objectif la recherche de l’intérêt général. Dans une organisation idéale, selon Rousseau, « pour découvrir les meilleures règles de société […], il faudrait une intelligence supérieure, […], qui n’eût aucun rapport avec notre nature et qui la connût à fond […]. Il faudrait des Dieux pour donner des lois aux hommes ». Sam Altman ne propose pas autre chose, substituant aux « Dieux » de Rousseau Open AI et l’intelligence artificielle. La différence dans le nouveau contrat social d’Altman tient dans le rôle qu’auront les citoyens, alors que le développement des infrastructures d’IA a contribué davantage à la croissance de l’économie américaine que l’ensemble des dépenses de consommation au cours des six derniers mois. Cela s’est d’ailleurs traduit dans les résultats, salués par le marché, des principaux acteurs du secteur dont Meta et Microsoft qui continuent d’investir massivement dans l’IA.

Dans sa vision futuriste, Altman imagine que le progrès technique sera tel que les robots seront capables de produire d’autres robots (extraction des matières premières, production d’usines) avec un coût qui devrait fortement diminuer, remplaçant de fait certaines catégories d’emplois. Un élément que l’actuel locataire de la maison blanche ne devrait pas voir d’un très bon œil, alors que les derniers chiffres de l’emploi ont quelque peu tempéré les ardeurs des marchés portés au zénith. En effet, l’économie américaine semble ralentir, alors qu’elle était perçue comme robuste par les investisseurs et par Jerome Powell qui a prôné la patience lors du compte-rendu du FOMC étant donné la solidité de l’emploi et les risques inflationnistes liés aux droits de douane. Avec 106K nouveaux emplois créés sur les 3 derniers mois, les créations d’emploi ont contre toute attente considérablement ralentie avec une nette révision à la baisse des précédentes statistiques (19K en mai contre 144K initialement publiées, 14K en juin contre 147K initialement et 73K en juillet). Ces révisions à la baisse auront créé un mouvement de défiance des marchés, l’ire de Donald Trump et le renvoi immédiat de la responsable des statistiques du BLS (Bureau of Labor Statistics), accusée d’avoir manipulé les chiffres de l’emploi. Si ce licenciement pose question quant à l’indépendance des organes d’Etat, il est certain qu’une telle révision, deux jours après le FOMC et alors que Jerome Powell ne cesse de mettre en avant la data dépendance de la FED, augmente la probabilité de conduire à une erreur de politique monétaire et devrait conforter Donald Trump dans sa guerre contre le président de la FED.

Au final, Donald Trump redéfinit lui aussi le contrat social en concentrant les pouvoirs et en remettant comme principe directeur les rapports de force, que ce soit sur le front de la politique interne, sur le front économique (avec l’application des droits de douane punitifs pour la Suisse, l’Inde ou le Canada par exemple) ou sur le front géopolitique avec le repositionnement de deux sous-marins nucléaires en réaction aux propos tenu par Dmitri Medvedev.

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