Nos Rendez-Vous du Lundi

Le « risk management » selon Jerome Powell

Rédigé par Thomas GIUDICI | 22 sept. 2025 16:59:03

Jerome Powell continue de bien mener sa barque. Malgré les vents contraires – politiques comme économiques – le président de la Fed est parvenu à amorcer un virage dovish tout en restant le plus « neutre » possible et en gardant le maximum de cartes en main. Après son intervention au symposium de Jackson Hole cet été, on aurait pu s’attendre à un discours bien plus accommodant. Il n’en a finalement rien été et force est de constater que Jerome Powell a fait montre d’une certaine habileté. Pas aussi ennuyeux que Christine Lagarde, mais l’idée était là. Les différents actifs financiers ont finalement assez peu réagi à la réunion de la Fed avec des anticipations de marché maintenant plutôt en ligne avec les prévisions du FOMC. De plus, la trajectoire pour les six prochains mois apparaît désormais relativement claire avec un retour des Fed Funds vers les 3%.

Dans le détail, et comme largement anticipé, la Fed a repris son cycle d’assouplissement en abaissant ses taux directeurs de 25 points de base, après neuf mois de pause. Bien que l’institution américaine reste toujours confrontée à deux objectifs divergents (l’inflation et l’emploi), l’accent est dorénavant mis sur un marché du travail en net « refroidissement ». Certes, le taux de chômage reste historiquement bas, en partie grâce à la contraction de l’offre liée à la politique migratoire de Donald Trump, mais la demande des entreprises s’essouffle et le chômage progresse rapidement dans certaines sous-catégories plus fragiles, notamment chez les jeunes. Côté inflation, malgré la remontée attendue des prix des biens liée aux droits de douane, le FOMC estime que le risque d’une nouvelle flambée persistante reste limité : l’effet des tarifs douaniers est toujours considéré comme transitoire (même si ce risque doit être surveillé) et l’inflation des services poursuit sa décrue, bien que très graduellement. Les membres du FOMC s’accommodent donc, pour l’instant, de chiffres supérieurs à l’objectif officiel de 2 %. Cette position n’est cependant pas tenable indéfiniment.

Il est néanmoins intéressant de noter que l’incertitude demeure élevée quant aux différents scénarios possibles – qu’il s’agisse de l’impact durable ou non des droits de douane, ou encore de la fiabilité et des révisions importantes des données du BLS. Cela se traduit par un FOMC particulièrement divisé : dix membres anticipent encore au moins deux baisses de taux supplémentaires d’ici la fin de l’année, deux n’en prévoient qu’une seule et sept n’en envisagent aucune. Rarement l’amplitude n’avait été aussi élevée à trois mois de la fin d’année (cf. graphique de la semaine) même s’il convient de préciser que le nouveau votant Stephen Miran, qui a prêté serment juste avant la réunion, semble se distinguer par des positions excessivement dovish. La mainmise de Donald Trump sur la Fed semble donc pour l’heure encore limitée : Lisa Cook a finalement participé au vote et personne, hormis le nouveau gouverneur Miran, n’a voté pour une baisse de 50 bps lors de cette réunion.

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