« Les techno-optimistes croient que les sociétés, comme les requins, grandissent ou meurent. » C’est par cette définition peu orthodoxe que Marc Andreessen qualifie le techno-optimisme dans son Manifeste publié en octobre 2023 avant d’ajouter que les techno-optimistes croient « que la croissance est un progrès - menant à la vitalité, à l'expansion de la vie, à l'augmentation des connaissances et à un bien-être supérieur ». Plus généralement, le techno-optimisme est une posture intellectuelle soutenant que les progrès technologiques conduiront à une amélioration significative de la condition humaine et permettront de résoudre les défis auxquels l'humanité est confrontée. Si l’innovation technique et technologique a effectivement contribué à l’amélioration de la condition humaine depuis la révolution industrielle, elle pourrait être en passe d’apporter une solution au fardeau de la dette qui fragilise les Etats-Unis.
En effet, le Sénat américain a adopté la semaine passée le GENIUS Act, une loi en préparation au congrès depuis le mois de février et qui vise à réguler le marché des stablecoin. Les stablecoin sont un type de cryptomonnaie qui cherche à maintenir une valeur stable en adossant leur valeur marchande à une référence externe (le dollar par exemple). Alors que ce marché représente actuellement 260 Mds de dollar, il pourrait passer à plus de 2 000 Mds de dollar au cours des 3 à 5 prochaines années. Et c’est ici que le GENIUS Act prend tout son sens. Ce dernier va forcer les émetteurs de stablecoin à prouver qu’ils détiennent des dollars liquides, en devise ou en bons du Trésor, pour chaque actif distribué. Ainsi, Theter détient déjà plus de 120 Mds de dollars de bons du Trésor, soit plus qu’un pays comme l’Allemagne. Avec un marché qui devrait être multiplié par 8 en quelques années, les Etats-Unis viennent potentiellement de trouver de nouveaux créanciers à même d’absorber leur dette.
Cette nouvelle est d’autant plus positive que sur le front des taux directeurs, Jerome Powell devrait continuer à faire de la résistance. En effet, si l’inflation pour le mois de juin ne fait pas état d’une surchauffe des prix avec une progression de 2,7% sur un an (2,9% pour l’inflation cœur), le chemin vers la cible des 2% semble encore loin, d’autant que la lecture des prix à la production reste difficile en raison de la révision à la hausse des chiffres du mois précédent.
En France, notre Premier Ministre n’a pas le loisir de compter parmi les techno-optimistes et doit donc utiliser des outils plus traditionnels pour lutter contre un déficit grandissant. Le marché juge rassurant le budget présenté par M. Bayrou, et si le risque d’une motion de censure s’éloigne, on voit mal comment le parlement pourrait le voter. Notons néanmoins la légère détente sur les taux français (-2bps sur le 10 ans à 3,40%, -4bps pour le 5 ans), une baisse similaire à celle des taux allemands.
Enfin, la saison des publications s’intensifie cette semaine puisqu’après les (bons) résultats des banques américaines la semaine dernière, ce sont des sociétés telles qu’Alphabet, Tesla, SAP, UniCredit, BNP Paribas ou encore LVMH qui seront sous les projecteurs. De quoi permettre aux investisseurs d’avoir davantage de visibilité sur les premiers impacts des droits de douane. « Nous pensons que ne pas croître est une stagnation, qui conduit à une réflexion à somme nulle, à des conflits internes, à la dégradation, à l'effondrement […] ».
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