Loin des accès de stress des dernières semaines, les investisseurs ont retrouvé le sourire. Entre baisse des tensions géopolitiques, accalmie sur le front commercial (pas de nouvelle taxe surprise signée Donald Trump pour une fois !) et discours jugé accommodant de Jerome Powell, le climat s’est nettement apaisé. Résultat : les marchés repartent à l’assaut de leurs sommets. Le S&P 500 et le Nasdaq tutoient les ATH (« All Time High ») comme si de rien n’était et les inquiétudes sur les actifs américains ne semblent plus qu’un lointain souvenir. D’ailleurs, qui parle encore de récession aux États-Unis ?
Dans cette configuration qu’on pourrait presque qualifier d’idyllique, et dans une semaine relativement calme, les marchés attendaient des précisions sur la politique monétaire de la Fed, Jerome Powell s’exprimant en effet devant la Commission des affaires financières de la Chambre des représentants. Et comme souvent dans pareil cas, chacun a entendu ce qu’il avait envie d’entendre. Les investisseurs se sont ainsi focalisés sur une allusion subtile de Jerome Powell : si la Fed se retrouvait dans une situation où elle tardait un peu trop à agir, elle pourrait rattraper le coup rapidement à l’instar de ce qui s'est passé en septembre dernier quand elle avait dégainé une baisse de 50 points de base d’un coup de ses taux directeurs.
Un clin d’œil « dovish », certes… même si cette décision n’est pas le meilleur exemple tant elle parait encore incohérente dans le calendrier de baisse des taux de la Fed. Ce sous-entendu (très) subtil a, semble-t-il, échappé à Donald Trump qui a une nouvelle fois fait feu de tout bois contre Jerome Powell le jugeant « moyennement doué mentalement » et « très stupide ». Il faut dire que le reste de l’audition est restée dans la droite lignée des précédentes sorties du Président de la Fed. Un maître mot : l’attentisme. Il a ainsi refermé la porte ouverte par deux membres du FOMC, Christopher Waller et Michelle Bowman, qui plaidaient pour une baisse des taux dès la réunion de juillet. Rappelant que la Fed n’avait « pas besoin d’être pressée », Jerome Powell maintient qu’il est avant tout nécessaire d’évaluer l’impact inflationniste des droits de douane avant d’agir. Pour l’instant, les entreprises américaines ont surtout joué sur leurs stocks pour amortir le choc, mais l’effet sur les prix devrait commencer à apparaître dans les chiffres à partir du troisième trimestre. Une étude conjointe de la Duke University et des Fed de Richmond et d’Atlanta donne d’ailleurs du crédit à cette prudence : à la question de savoir comment elles comptaient gérer le surcoût lié aux droits de douane, plus de 60 % des CFO interrogés répondent qu’ils le répercuteront sur les prix (cf. graphique de la semaine).
Rendez-vous donc en septembre. En attendant, patience. Ce mot d’ordre a d’ailleurs été repris en chœur par plusieurs responsables de la Fed (John Williams, Raphael Bostic, Michael Barr) également adeptes du « wait-and-see ». L’économie résiste et le marché du travail flirte toujours avec le plein-emploi : pourquoi se précipiter ?
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